Une pandémie qui fait de l’ombre à l’enjeu climatique 

Il est temps de nous rendre à l’évidence ; cette pandémie change notre société et nous permet de découvrir à quel point le modèle économique traditionnel nous a aveuglément été proposé comme une panacée durant des décennies.

Le réflexe naturel en nous est de remettre en marche ce modèle et de revenir au BAU (« business as usual ») le plus rapidement possible sans changer les ingrédients de cette recette qui a miraculeusement procuré, à des millions d’individus, une croissance et une richesse inestimable. Ce sentiment est totalement normal, car règle générale, l’homme n’aime pas l’inconnu et préfère retrouver ses repères, sans toutefois se poser la question si le chemin emprunté est optimal. Et bien malgré lui, en omettant de poser ses questions fondamentales, l’homme tend à répéter les mêmes erreurs en croyant assurément que le résultat sera différent.

Les ressources naturelles dont il a tant besoin pour atteindre ses objectifs de croissance disparaissent à une vitesse toujours plus grande, et l’environnement dans lequel ils profitent des bénéfices de cette croissance accélérée se détériore toujours plus vite. Cette approche paradoxale est inexplicable sauf si nous prenons le temps de l’observer et de regarder ses effets pervers sur nos vies. Malheureusement, la réalisation des bénéfices du modèle économique actuel se fait tellement vite que nous n’avons même pas le temps de constater les dommages qu’il comporte.

Le parallèle avec l’enjeu climatique

C’est toutefois la pandémie actuelle qui apporte, bien malgré elle, cette occasion de ralentir et d’observer ce que nous avons fait à l’environnement pour en arriver là où nous sommes aujourd’hui ; soit dans une situation bien fâcheuse, avec une planète qui ne réussit pas à reprendre son souffle et une société qui ne retrouve plus ses repères.

Il ne nous reste pas beaucoup de temps, mais il y a de l’espoir, et beaucoup d’ailleurs. Et ce, malgré tout ce que les mauvaises langues souhaitent nous laisser croire. La pandémie a en effet démontré à quel point les gouvernements, les spécialistes de la santé, la société dans son ensemble, ont su être disciplinés et travailler en harmonie vers un contrôle du virus à une vitesse record ; à peine quelques mois pour mettre en place des protocoles et éviter un écrasement de l’économie en structurant une intervention financière massive, et en mettant en place des politiques adaptées à l’urgence de la crise. Bien sûr il y a eu des ratés, mais posons-nous la question : comment toutes ses mesures ont-elles pu être adoptées en quelques semaines seulement, sachant que plusieurs projets de loi ayant des impacts plus restreints tardent des mois, voire des années avant d’être adoptés ? La réponse est simple :  en raison de la perception d’urgence que la crise sanitaire a provoquée. Cette perception était tellement forte, que la grande majorité des citoyens n’a jamais douté de la mise en place de toutes les mesures nécessaires pour justifier les interventions qui ont permis une prise de contrôle de la crise.

Maintenant, la question qui se pose est la suivante : saurons-nous donner la légitimité à nos politiciens, spécialistes de l’environnement et à la société québécoise, pour mettre en place des mêmes mesures de la même ampleur face à l’enjeu climatique ? Car sachez que la crise du COVID-19 sera éventuellement sous contrôle en attente de la prochaine pandémie. Toutefois, en ce qui a trait au climat, ce ne sera pas aussi simple que de développer des vaccins dans des laboratoires pharmaceutiques, et nous n’aurons pas droit à une seconde chance. Tout comme le virus actuel, l’enjeu climatique est global. Il affecte notre économie et notre modèle économique, et requiert une réponse sans équivoque de la part de notre société. Faisons donc un parallèle entre ces deux crises en leur octroyant le même degré d’urgence.

Nous vous invitons à lire le rapport de IPCC sur “Global warming of 1,5° C”. (en anglais)

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