La Colombie-Britannique a récemment mis en place un règlement inédit, le «Low carbon fuels (general) regulation», qui constitue un pas significatif vers la décarbonation des carburants, y compris pour l’aviation.
Un double incitatif pour la décarbonation, y compris pour l'aviation
D’une part, le règlement impose un mandat qui exige une incorporation croissante de kérosène renouvelable dans les carburants d’aviation. À partir de 2028, une incorporation de 1% de kérosène renouvelable sera exigée, augmentant à 2% en 2029 et à 3% en 2030.
D’autre part, un mécanisme de compensation est mis en place, imposant une réduction de l’intensité carbone des carburants pour l’aviation. Cette réduction, fixée à 2% dès 2026, augmentera progressivement jusqu’à 10% d’ici 2030.
Un contexte mondial et national qui pousse à la décarbonation
La Colombie-Britannique s’inscrit dans une série d’initiatives similaires en Europe, aux États-Unis, au Canada et au niveau mondial avec l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). L’objectif global est d’aboutir à une incorporation de 5% de carburants d’aviation durables (SAF pour sustainable aviation fuel), tandis que les États-Unis, le Canada et l’Europe visent des cibles plus ambitieuses de 10%.
Au Canada, des organisations telles qu’Advanced Biofuels Canada et C-SAF recommandent des mesures plus robustes pour soutenir la disponibilité de SAF dans le pays.
La Colombie-Britannique a pris une longueur d’avance sur le gouvernement fédéral en mettant en place un standard pour des carburants propres dès 2009, inspiré en partie par les réglementations de la Californie. Bien que le gouvernement fédéral ait suivi avec son propre règlement en 2022, la Colombie-Britannique continue de montrer l’exemple en incluant désormais des cibles obligatoires pour le kérosène, notamment pour l’aviation.
Prix et perspectives
Le coût des carburants d’aviation durables varie, mais les indices de prix des SAF basés sur l’huile de cuisson recyclée se situent entre 2000 et 3280 USD par tonne en 2022. Au Canada, bien que la demande initiale soit modeste par rapport à la consommation totale de carburant pour l’aviation, elle contribuera à sécuriser les projets de production locale.
Les SAF peuvent être produits à partir de diverses sources, notamment des résidus graisseux, des huiles végétales, des résidus agricoles ou forestiers, et même de l’éthanol. Bien que certains défis persistent, notamment en ce qui concerne la disponibilité des matières premières et les préoccupations réputationnelles, le marché des carburants d’aviation durables offre un potentiel de croissance significatif pour le Canada.
Que retenir?
En introduisant des mesures ambitieuses pour la décarbonation des carburants, y compris pour l’aviation, la Colombie-Britannique montre la voie à suivre pour un secteur de l’aviation plus durable. Cependant, des efforts concertés au niveau national seront nécessaires pour soutenir la production locale et favoriser une transition efficace vers des carburants qui prennent en compte l’ensemble des impacts, à la fois environnementaux et sociaux. En effet, on ne peut considérer comme durable un carburant dont le mode de production entrerait en compétition avec des cultures alimentaires, surtout dans le contexte de montée des prix des denrées. Enfin le secteur n’évitera pas un débat difficile sur la place qu’il peut occuper dans un monde qui doit réduire drastiquement ses émissions de GES.