Les effets de la réglementation sur la finance durable
En septembre 2015, Mark Carney, alors gouverneur de la Banque d’Angleterre, prononçait son célèbre discours sur les changements climatiques et le système financier, intitulé « La tragédie à l’horizon ». Ce discours mettait en lumière les risques systémiques que les changements climatiques posent au système financier mondial.
Presque 10 ans plus tard, il reste encore beaucoup à faire, comme le montre l’exposition des banques canadiennes au secteur des énergies fossiles. C’est pourquoi la réglementation évolue progressivement pour garantir que les risques de transition et les risques physiques sont pris en compte par les institutions financières. Le BSIF, avec sa ligne directrice B-15 et sa consultation sur l’exercice normalisé d’analyse de scénarios climatiques, exerce une pression croissante sur les institutions financières.
Les acteurs de la finance, moteurs du changement
Cette pression réglementaire se diffuse progressivement à l’ensemble des acteurs économiques. En effet, on observe un nombre croissant d’investisseurs qui exigent désormais de leurs organisations investies qu’elles répondent à de nouvelles attentes. Il s’agit notamment de mesurer l’engagement du client de l’institution financière vis-à-vis de la question climatique. Les objectifs sont multiples : réduire les risques d’investissement, identifier de nouvelles opportunités commerciales via des modèles innovants ayant un impact positif sur la société, et atteindre les objectifs corporatifs de décarbonation en favorisant les leaders qui se distinguent par leurs pratiques écoresponsables.
Mais que faire lorsque les clients ne sont pas équipés pour adopter de meilleures pratiques environnementales ? De plus en plus d’institutions financières se positionnent comme intermédiaires entre leurs clients et les experts capables de les accompagner. Ces institutions offrent des services d’accompagnement, mais elles n’ont pas toujours toute l’expertise nécessaire pour conseiller sur des plans de décarbonation ou de résilience climatique. Elles font donc appel à des experts externes, tels que CCG. Nous constatons en effet une augmentation du nombre d’institutions financières nous sollicitant pour mettre en relation leurs clients avec nos experts.
Parallèlement, les conseillers se dotent d’outils d’analyse, que ce soit en matière de décarbonation ou de résilience climatique. Leur objectif est d’initier les premières discussions avec leurs clients pour recueillir des informations pertinentes et les sensibiliser. En effet, au Québec, de nombreuses entreprises (environ 50%) n’ont pas encore entrepris de démarche de décarbonation, et encore plus n’ont pas de stratégie de résilience climatique (75%) selon une étude de Léger.
Ainsi, bien que le secteur financier ait encore beaucoup à accomplir pour s’aligner sur une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris, il commence à exercer une influence significative sur les autres entreprises. Nous pouvons espérer que ce levier s’intensifiera à l’avenir et que les entreprises engagées dans une démarche proactive en matière climatique seront favorisées dans leur recherche de financement, ainsi que vis-à-vis des assureurs.