13 octobre 2022
Le cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, adopté et approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies, vise à définir le cadre d’engagement de l’ensemble de la société et des pays dans la prévention et la réduction des risques de catastrophe (RRC). La prévention et la réduction visent les aléas naturels et anthropiques ainsi que les aléas et risques environnementaux, technologiques et biologiques connexes. Le cadre permet aussi d’orienter et de surveiller la mise en œuvre des principes d’action ainsi que le suivi des indicateurs mondiaux. Cela permet également de mesurer les progrès accomplis et de faire des correspondances avec les objectifs de développement durable (ODD).
En effet, les objectifs de développement durable, notamment le cadre de Sendai et l’Accord de Paris sur le climat de 2015, ont permis d’établir un agenda mondial pour faire avancer la mise en place de politiques efficaces en matière de RRC et d’adaptation aux changements climatiques (AAC) basées sur la science et la recherche. Cet effort collectif a fait progresser les objectifs vers une société plus résiliente malgré la complexité du défi. Ces derniers peuvent être l’exacerbation de la fréquence et de l’intensité des risques climatiques extrêmes ou les limites des approches cloisonnées traditionnelles en matière de gestion des risques.
Le chemin vers la résilience exige la promotion continuelle d’une culture de risques et de prévention face aux catastrophes, y compris l’atténuation et la préparation aux sinistres. De cette manière, l’Assemblée générale des Nations Unies a désigné le 13 octobre comme étant la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe. Depuis 30 ans, cette journée est devenue un point tournant majeur de sensibilisation mondiale visant à reconnaître les progrès accomplis et à encourager la poursuite des efforts pour construire une communauté plus résiliente aux catastrophes.
En 2016, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé la « campagne des sept de Sendai », qui vise à promouvoir chacun des sept objectifs du cadre sur sept ans. La campagne de 2022 nous montre l’importance de travailler sur l’objectif G. Celui-ci nous informe qu’il faut accroître sensiblement, d’ici à 2030, la disponibilité des systèmes d’alerte précoce multirisques (MHEWS, multihazard early warning system en anglais). Il vise également à augmenter le partage d’informations et d’évaluations sur les risques de catastrophes, ainsi que de favoriser l’accès de la population à ces systèmes.
Dans le cadre de la gestion globale de réduction des risques de catastrophes, les systèmes d’alerte précoce multirisques sont de plus en plus considérés comme essentiels pour réduire les impacts des dangers. La majorité des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont identifié les MHEWS comme une priorité absolue. En dépit des efforts réalisés, seuls 40 % des membres de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont déclaré avoir mis en place de tels systèmes (1). De plus, 34 sur 195 pays ont communiqué au moins un indicateur de l’objectif G (il y en a 7) pour la période 2015-2018 (2). Bref, un tiers de la population mondiale n’est pas couvert par les alertes précoces.
Malgré le fait que la région de l’Amérique du Nord se distingue par ses capacités de préparation et de réaction ainsi que par ses systèmes d’alertes précoces, il reste encore des barrières importantes à surmonter, parmi les suivantes :
- Pour que les alertes précoces se traduisent par des actions rapides, il faut que les plans nationaux, provinciaux et locaux soient mieux coordonnés — pas seulement au niveau des systèmes de communication, mais aussi en termes de connaissances sur la manière d’agir une fois l’alerte lancée.
- Une opération réussi d’un MHEWS nécessite un financement assuré à long terme et implique aussi d’accorder autant d’importance aux composantes sociales (par exemple, la participation de la communauté, la communication) qu’aux aspects techniques du système d’alerte.
- Encore aujourd’hui, les responsables de prise de décision en matière de sécurité civile et les fournisseurs de services climatiques continuent de sous-estimer à quel point la prise de décision est influencée par la perception des risques, et notamment par les préjugés cognitifs.
Investir dans la compréhension des risques, la réduction des risques de catastrophes et l’adaptation aux changements climatiques, y compris dans les systèmes d’alerte précoce multirisques (MHEWS), est la base du développement durable. Ces derniers sont considérés comme l’un des aspects les plus importants dans la réduction des risques de catastrophes dans les sociétés. Il est donc essentiel de leur accorder la priorité et de les centrer sur les personnes, en soulignant l’importance d’une approche intégrée et globale de la société et d’une plus grande participation des communautés à risque.
(1) WMO (2020) State of climate services. Risk information and early warning systems
(2) UNDRR (2019) Global Assessment Report on Disaster Risk Reduction (GAR), Chapter 8.