Les vulnérabilités sociales, les défis démographiques et les changements climatiques

Le visionnement du documentaire de 1972 de Marcel Carrière : Chez nous, c’est chez nous a grandement inspiré nos consultants en adaptation aux changements climatiques. Dans le documentaire, le cinéaste se fait le témoin à Saint-Octave-de-l’Avenir de l’application d’une mesure qui découlent du plan, datant de 1966, de réaménagement socio-économique au Québec : la démolition de 11 villages dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.

Ce documentaire disponible gratuitement sur le site de l’ONF a fait réfléchir nos deux consultants en adaptation aux changements climatiques Ernesto Rodriguez et Camille Proulx sur les liens qui sont à faire entre les changements démographiques de la population québécoise, l’adaptation aux changements climatiques, et les politiques de migration des populations vieillissantes en région éloignées.

Ce sujet a été approfondi avec l’enseignant de sociologie au Cégep de la Gaspésie et des Îles, et candidat au doctorat en sociologie à l’UQAM, et bénévole de l’Équipe de recherche en partenariat Vieillissements, exclusions sociales et solidarités (VIES), Pierre-Luc Lupien.

De plus en plus, des liens forts sont mis en évidence entre la capacité d’adaptation aux changements climatiques et la force du tissu social au sein d’une population. Les organisations municipales possèdent une grande responsabilité dans la lutte contre les changements climatiques, puisqu’elles assurent l’organisation, la gestion et le développement du territoire. Dans le même ordre d’idées, assurer un tissu social sain et des relations d’entraide citoyennes nombreuses permettent de consolider la résilience communautaire d’une localité face à des aléas climatiques.

La réalité est que plusieurs organismes municipaux sont confrontés à des vulnérabilités sociales ou économiques, et doivent les gérer en priorité, laissant parfois au passage les impacts potentiels des changements climatiques sur leur territoire. Les vulnérabilités sociales se décrivent sous plusieurs formes, mais peuvent représenter des fragilités matérielles ou morales à laquelle un individu est exposé et peut représenter un risque pour celui-ci si un aléa se présente. À l’échelle de l’organisation municipale, les vulnérabilités individuelles fragilisent la capacité collective de résilience, particulièrement aux aléas climatiques. C’est d’ailleurs l’un des axes d’étude de la Chaire de recherche du Canada Action Climatique Urbaine pilotée par l’équipe de Sophie L. Van Neste. C’est aussi l’un des constats de Maxime Pedneaud-Jobin dans son dernier livre Passer de la ville à la cité : Faire place à la participation citoyenne lié à son vécu comme maire de Gatineau. C’est aussi l’opinion que nous a partagé l’enseignant de sociologie Pierre-Luc Lupien lors de notre entretien.

Il existe différentes formes d’action collective face aux changements climatiques. Les corvées citoyennes pour le nettoyage des berges, les plantations sociales d’arbres et de végétaux, les consultations publiques en sont des exemples les plus connus. Innover en matière de gouvernance est une clé pour le succès de la transition écologique, mais il faut considérer l’évaluation des vulnérabilités sociales locales avant même d’intervenir, tout en gardant à l’esprit la nécessité de gérer le changement au sein des communautés. Rapprocher les partenariats entre les instances municipales et organismes communautaires, à travers des projets porteurs pour la localité, comme des projets de verdissement d’îlots de chaleur, de conservation de la nature ou encore de réhabilitation ou reconstitution de milieux naturels. Ce sont toutes de bonnes occasions pour élargir les collaborations et impliquer les citoyen.nes pour leur propre bien-être local, avec un point de rassemblement positif et axé sur la nature près de chez eux.

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