Dans une déclaration récente, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, insistait sur la nécessité pour les institutions financières de divulguer leurs vulnérabilités aux changements climatiques. En effet, il mettait de l’avant des conséquences « catastrophiques » que les changements climatiques pourraient avoir sur le système financier à moins que les institutions ne fassent preuve de plus de transparence sur leur gestion de ces risques.
Un élan inspiré par la TCFD
Ce message fait suite aux recommandations de la Task Force On Climate-related Financial Disclosures (TCFD) publiées en 2017. La TCFD avait reçu le mandat du conseil de stabilité financière du G20 de fournir des recommandations pour le secteur financier sur la façon de communiquer la prise en compte des risques liés aux changements climatiques. La TCFD a regroupé ses conclusions en 4 catégories : la gouvernance, la stratégie, la gestion de risque et les indicateurs et cibles. Au-delà des recommandations, la TCFD met l’accent sur l’analyse de scénario comme outil de gestion incontournable, de façon à intégrer les enjeux liés à la transition vers un monde bas carbone ainsi que ceux liés aux impacts physiques des changements climatiques. D’ailleurs l’agence de notation S&P Global a conclu que sur une période de deux ans, 106 des notes attribuées avaient été modifiées par la prise en compte de critères environnementaux et climatiques.
Dans un effort d’alignement, les différentes plateformes de divulgation d’information ont mis à jour leur formulaire ou leurs lignes directrices. C’est notamment le cas de CDP, dont le questionnaire sur les changements climatiques reflète parfaitement les recommandations de la TCFD. Parmi tous les changements apportés au formulaire pour 2018, il y a 5 éléments à considérer avec attention :
Des questions spécifiques pour les secteurs à fort enjeu
Le questionnaire CDP sur les changements climatiques comporte maintenant des questions spécifiques à 4 secteurs : les secteurs de l’énergie, du transport, des matériaux et de l’agriculture (détails sur le site de CDP). Il est en particulier attendu que les entreprises de ces secteurs détaillent leur stratégie de transition bas-carbone.
L’analyse de risques et d’opportunités
Le pointage attribué par CDP aux questions C2.3a/2.4a reflète l’importance qu’une organisation doit accorder à la gestion des risques ainsi que les implications sur la stratégie d’entreprise et sur sa santé financière. C’est un focus tourné vers l’avenir qui répond au besoin de prendre un compte des situations ou des événements qui auraient des conséquences sur les opérations de l’organisation. Que ce soit des risques liés à la transition ou des risques physiques, les organisations ont un niveau d’exposition qui dépend par exemple des lieux où elles et leur chaine de valeur opèrent (référence).
L’inventaire des émissions indirectes (scope 3)
Depuis plusieurs années, GCC met de l’avant l’importance pour une entreprise (voir notre dernier article) de prendre en considération les émissions indirectes. Dans leur questionnaire de 2018, CDP a doublé le nombre de points accordés à la question C6.5 de façon à inciter les organisations à mettre plus l’accent sur toutes les émissions dont elles dépendent pour livrer leurs produits ou leurs services.
La gouvernance et la stratégie
Il s’agit de deux nouvelles questions, C3.1a et C3.1d, qui portent sur la prise en compte des analyses de scénarios en lien avec le climat pour valider la stratégie d’affaire de l’organisation. L’idée est de prendre en compte l’évolution du secteur d’activité dans un monde qui respecterait l’accord de Paris (voir notre article), mais également de considérer d’autres scenarios, comme le cours normal des affaires. Il ne s’agit pas de divulguer de l’information confidentielle, mais de faire preuve de transparence sur la façon de considérer les scénarios possibles à venir en lien non seulement avec la lutte contre les changements climatiques mais aussi avec leurs conséquences physiques.
La vérification
Le pointage pour la vérification (question C10.1a) des émissions scope 1 et 2 a été doublé. Faire vérifier les émissions de GES fait partie des bonnes pratiques de gestion carbone car cela donne aux parties prenantes un niveau de confiance supplémentaire dans la pertinence de ces informations.
Que retenir ?
Le questionnaire 2018 de CDP sur les changements climatiques comportent de nombreuses modifications ainsi que de nouvelles questions. Pour commencer, il est recommandé de consulter les documents disponibles sur le site de CDP. En raison de ces nombreuses modifications, la date butoir a été repoussée au 31 juillet 2018 pour la soumission des réponses aux investisseurs. Pour ce qui est de la chaine d’approvisionnement, les réponses doivent être soumises d’ici le 16 aout 2018. Il reste donc relativement peu de temps pour répondre aux attentes des parties prenantes en démontrant une gestion des risques climatiques alignées sur les meilleures pratiques.
GCC possède l’expertise nécessaire pour vous accompagner à travers les nouveautés du questionnaire CDP 2018 :
- Analyse de risques et opportunités liés aux conséquences des changements climatiques;
- Accompagnement dans la définition des scénarios de transition;
- Analyses rapide du scope 3 à l’aide de notre outil VitalMetrics®;
- Vérification des inventaires d’émissions par notre équipe de vérificateurs.
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Par Pascal Geneviève, Directeur général à Groupe Conseil Carbone