L’annonce stratégique de la Caisse de Dépôt et Placement du Québec (CDPQ) – ” Notre stratégie d’investissement face au défi climatique “, tombe à point, sachant que jusqu’à 17.6% des actifs détenus par les fonds de pension canadiens serait associés au secteur des énergies fossiles et que de manière générale les fonds canadiens ont une plus grande empreinte carbone par million investi ( plus de références dans notre lettre à l’intention des ACVM).
Cette annonce est bienvenue. C’est une nouvelle manifestation que le secteur de la finance prend un rôle de leadership sur la question des changements climatiques. Pour la caisse le point important sera de déterminer les facteurs reliés à la question climatique qui sont les plus pertinents pour l’aider à remplir les cibles mentionnées tout en assurant le meilleur degré de performance de ses investissements à long terme. Il s’agit là des facteurs grâce auxquels il y a eu une corrélation historique avec une amélioration de la performance de l’entreprise, et/ou de sa capitalisation et/ou qui sont alignés avec les projections et tendances des marchés et réglementations en matière de carbone et clean tech. Comme par exemple l’empreinte carbone absolue englobant également le scope 3 comme on expliquait dans un article de blogue antérieur.
Scénario des 2 degrés
Un autre élément peu intégré avant, mais qui devient de plus en plus centrale aujourd’hui c’est de savoir si les entreprises sont en voie d’aligner leur modèle d’affaire avec les contraintes et opportunités dans un scénario de 2 degrés. En effet il n’est plus suffisant de simplement choisir les entreprises qui sont “best in class” à un moment (t), sans savoir si elles sont sur une trajectoire souhaitable du point de vue carbone.
C’est pour ça que nous sommes capable de déterminer pour chaque secteur quelle serait la situation désirée (mais réalisable) qui rencontrerait la cible de l’accord de Paris. De cette manière nous pouvons déterminer quelles entreprises sont alignées avec la transition et lesquelles ont encore du chemin à faire, ce qui aiderait un investisseur à comprendre où se trouvent les acteurs à risques et les opportunités. De manière similaire, nous appliquons un filtre pour prendre en compte l’adaptation aux changements climatiques, notamment pour les secteurs agro-alimentaire, forestier, et résidentiel.
Divulgation des données
Toutefois, la meilleure stratégie n’arrivera jamais à être pleinement efficace si les investisseurs manquent de données sur les entreprises détenues dans leurs portefeuilles. En effet, tel que mentionné dans une étude des CPA, seulement une minorité d’entreprises publiques canadiennes discutent des enjeux climatiques dans leurs documents réglementaires, et les informations sont rarement comparables. Par ailleurs, suite à l’invitation des investisseurs, certaines entreprises font une divulgation plus détaillée de façon volontaire sur la plateforme CDP. Bien que celle-ci a amélioré la disponibilité des données, il existe des doutes sur la qualité de ces dernières étant donnée qu’elles proviennent d’une divulgation volontaire et ne sont pas vérifiées par des tierces parties dans la grande majorité des cas.
Il nous semble indispensable que les investisseurs continuent de s’engager auprès des entreprises contenues de leurs portefeuilles afin d’augmenter le degré de divulgation des donnés en lien avec le climat et fiabilité de celles-ci.
Par Alexandru Iordan, Directeur Finance Durable à Groupe Conseil Carbone